Sur Vinted, plateforme en ligne dédiée à la vente de vêtements d’occasion, les comptes professionnels se multiplient et font place à la spéculation. Des photos dignes des grandes marques, des articles tendance et des prix alléchants attirent de plus en plus d’utilisateurs. Mais que se cache-t-il derrière cette nouvelle génération de vendeurs Pro ?
La montée en puissance du phénomène « reselling » chez nous
Depuis quelques années, on constate sur Vinted une recrudescence de profils aux esthétiques soignées et aux pièces dernier cri, le tout accompagné du statut Pro. Ces nouveaux venus ne proposent pas simplement des articles de leur propre dressing, mais plutôt des pièces achetées ailleurs dans le but exclusif de les revendre à un prix supérieur. Un phénomène baptisé « reselling », qui connaît une croissance fulgurante et qui a même poussé Vinted à créer le statut Pro Seller en 2021 pour les accompagner.
- Fripes
- Vêtements de sport
- Vintage
- Puces ou brocantes
Les atouts économiques du reselling
Là où le reselling fait mouche, c’est grâce à la création d’une véritable expérience d’achat et de vente, qui permet à des jeunes étudiants ou freelances d’engranger des revenus parfois substantiels. Pour ces profils, généralement âgés de moins de trente ans, le reselling est souvent perçu comme une alternative séduisante au monde du travail traditionnel.
Prenez l’exemple de Céline, 27 ans, maquilleuse de profession, qui a découvert dans la vente de ses propres vêtements une nouvelle source de revenus :
« Au départ, je vendais mes vêtements. Puis, j’ai réalisé que je pouvais gagner de l’argent en trouvant des pièces ailleurs ».
Fenêtre sur un nouveau mode de vie : les influenceurs du reselling
Grâce aux réseaux sociaux, de nombreux influenceurs ont mis en lumière le potentiel du reselling, le présentant comme une activité tendance et lucrative. Sur Instagram, TikTok, ou YouTube, ils partagent leur succès et conseillent les nouveaux venus dans le monde du seconde-main, créant ainsi des communautés solidaires et engagées.
- Leçons de mise en scène et valorisation du produit
- Autoformation et partage de conseils pratiques
- La création de communautés solidaires et bienveillantes
Pour autant, certains y voient davantage précarité que chance
Cependant, cette nouvelle économie collaborative a aussi ses revers. Certains y voient une précarisation déguisée, comme l’explique Nicolas Almodovar, spécialiste en développement économique : « Nous observons des jeunes complétant leurs revenus par l’achat-revente, cherchant à éviter les emplois sous-payés ou exploitants ».
Valérie Fayard, d’Emmaüs, souligne également les risques :
« Ces vendeurs manquent de protection sociale. Ils ne cotisent pas, ce qui est préoccupant ».
Réalité du reselling : sortir du rêve pour regarder en face la précarité
S’il est vrai que certains connaissent le succès grâce au reselling, il faut aussi prendre conscience des limites et incertitudes liées à ce mode de vie. De fait, les ventes peuvent être fluctuantes et donc engendrer des revenus aléatoires.
« Je peux faire des mois où je gagne 2000-3000 €, confie Tom, mais je sais aussi que ça peut descendre très vite et que rien n’est acquis. »
Ainsi, le reselling, tout en offrant des perspectives séduisantes, nécessite une approche réfléchie. Est-ce une mode passagère ou une mutation profonde de nos habitudes de consommation ? Seul l’avenir nous le dira. En tant qu’adepte de l’économie circulaire et du recyclage, il est essentiel de demeurer critique et conscient des impacts de telles pratiques, tout en cherchant à soutenir des initiatives véritablement durables et éthiques.